Kodomo No Hi
Au Japon, les fêtes et les jours fériés se suivent à un rythme soutenu et célèbrent tantôt les saisons, tantôt les rites bouddhistes ou shintoïstes. Alors que les fleurs de sakura récemment admirées ont laissé place à de jeunes feuilles vert tendre sur les arbres, les japonais ont encore le cœur en joie puisqu'ils célèbrent aujourd'hui la fête des enfants, Kodomo No Hi !
Cette fête, très ancrée dans la tradition, met les enfants à l'honneur tous les 5 mai, en les associant à des milliers de koinobori qui se déploient dans tous le pays, donnant à voir un spectacle grandiose ! Curieux d'en savoir plus ? Tendez l'ouïe !
photos: wow-j.com / http://japoland.pl
BARBOTER DANS LES IRIS
Si vous avez lu notre article intitulé "Koinobori, le mariage réussi d’une carpe et d’un samouraï !", vous savez déjà pourquoi la carpe est devenue le symbole de Kodomo No Hi ! Mais ce n'est pas le seul ! Cette fête, chinoise à l'origine, a été introduite à la cours impériale du Japon vers le VIe siècle. A cette époque-là, on avait pour coutume de célébrer la fleur d'iris, cette autre impératrice du printemps nippon. On en trouvait (et on en trouve encore) partout : le long des chemins, autour des temples et des sanctuaires, dans des jardins dédiés mais aussi sur les toits en chaume des maisons, leurs racines permettant de les consolider. Le 5 mai, des rameaux d’iris étaient suspendus à l’entrée des maisons. Riche de ses propriétés purificatrices, on accordait à cette fleur un rôle de protection contre les maladies et les mauvais esprits. Elle a donc été naturellement associée à la fête des enfants car tout comme la carpe, elle est un symbole de force et de bonne santé.
De nos jours et en souvenir de ces temps anciens où l'iris était célébrée, les sento (bains publics japonais) font revivre la tradition à leurs clients en leur proposant un bain au tiges d'iris pour le 5 mai. Nus comme des vers et parés d'une couronne d'iris, on ondoie dans ce bain revigorant tel une carpe !
photo @tsk.64
LA RELÈVE DES SAMOURAÏ
Les siècles suivants auront raison de la délicate fleur d'iris car, sous l'influence des samouraï, la cours impériale acquière une image plus musclée ! La fête des garçons se transforme donc en une journée d'épreuves : tir à l'arc à dos de cheval et arts martiaux. Les petits guerriers doivent faire preuve de bravoure et de courage s'ils veulent recevoir en récompense une partie de l'armure paternelle, symbole de la transmission des valeurs héroïque des samouraï de père en fils. Ces épreuves étaient aussi un gage de bonne santé pour les garçons qui s'y soumettaient !
Aujourd'hui, la mémoire de ces épreuves est honorée tous les 5 mai par de petites poupées à l'effigie des samouraï qui sont exposées dans les maison. On coiffe également les petits garçons d'un kabuto, casque de samouraï, qui, même lorsqu'il est fait de papier, fait ressurgir cette fierté guerrière ancestrale !
Photo : wallhere.com
APRÈS L'EFFORT, LE RÉCONFORT !
Au pays des wagashi, il aurait été surprenant qu'il n'existe pas une gourmandise typique pour Kodomo No Hi ! Et c'est en effet le cas ! Durant ce jour spécial, les enfants se régalent de chimaki et de kashiwa mochi. Quelques éclaircissements ?
photo : @toukakuen
Originaire de Chine, le chimaki est un gâteau de riz gluant en forme de cône allongé, cuit à la vapeur et enveloppé dans une feuille de bambou. Il peut être dégusté en ajoutant un peu de kinako (poudre de soja toasté), de sirop de sucre ou de sauce salée-sucrée pour Mitarashi dango (autre sorte de gâteau de riz gluant). Enroulés dans leur de feuille de bambou ou de riz sauvage, les chimaki se conservaient longtemps et ils étaient le parfait petit en-cas des samouraï sur les champs de bataille !
Photo : http://plan.2-d.jp
Le kashiwa mochi est un wagashi confectionné avec un riz de qualité supérieur qu'on réserve aussi aux célébrations du Nouvel An. Il est fourré d'une purée de haricots rouges sucrés plus ou moins fine ou d'un mélange de miso et de purée de haricots blancs. Après une cuisson à la vapeur, il est entouré d'une feuille de chêne (Kashiwa) pliée en deux ou pris en sandwich dans deux feuilles de salsepareille. On peut ou non manger la feuille de chêne, mais certaines maisons de mochi, pour des raisons de coûts, utilisent des feuilles en plastique ! Gourmands, méfiez-vous !
Durant Kodomo No Hi, des kashiwa mochi sont également offerts aux dieux pour leur demander de perpétuer la famille et de la rendre prospère. Sur un chêne, les vieilles feuilles ne tombent que quand les jeunes commencent à bourgeonner...
photo @tsuyo201604
Et pour faire passer les mochi avalés goulument, mais seulement si on a été sage, on est autorisé à boire un petit verre de saké parfumé à l’iris ! Et du coup, on est en jambe pour entonner la chanson officielle du 5 mai !
屋根より高い鯉幟
大きな真鯉はお父さん
小さな緋鯉は子供たち
面白そうに泳いでる
Yane yori takai koinobori
Ōkii magoiwa otōsan
Chiisai higoiwa kodomotachi
Omoshirosōni oyoideru
Les carpes volent au dessus du toit
La grosse carpe noire est le père,
Les carpes plus petites sont les enfants,
Elles aiment nager dans le ciel.
Photo @ayazoo_m
Carpe courageuse, iris purifiant, samouraï valeureux, vous l'aurez compris, le 5 mai pour Kodomo No Hi, les parents souhaitent tout le meilleur à leurs enfants ! Cela ne donne-t-il pas envie d'en faire autant avec nos bambins ?
Petit bonus pour rester encore un peu dans le bain (aux iris) de Kodomo No Hi !