Kitsuke ou l’art de revêtir le kimono
C’est à l’occasion de la sortie de ses deux koinobori kimono Girl andamp; kimono Boy que Madame Mo se penche sur l’art du kimono. Que diriez-vous de vous glisser dans la douceur d’une étoffe de soie et de revêtir un de ces kimono tant badés par les occidentaux ? Silhouette gracieuse, gestes délicats, si le kimono confère une telle élégance aux personnes qui les portent, c’est sans doute parce que revêtir ce vêtement est un art : le kitsuke.
Même si aujourd’hui, le port du kimono n’est plus aussi fréquent que dans le passé, l’enseignement de cet art est en plein essor au Japon et les établissements de formation au kitsuke se multiplient comme des petits onigiri, avec délivrance d’un diplôme officiel en fin de cursus. Hommes, femmes, enfants, les kimono sont portés par tous dans l’archipel mais ce sont bien les kimono féminins qui nous font tourner la tête tant ils sont raffinés et variés ! Servez-vous une petite tasse de thé et suivez-nous dans l’univers feutré du kitsuke !
Photo @kimonoprokyoto
LA GRANDE FAMILLE DES KIMONO
Avant de se lancer dans la mise en place des komono, ces accessoires indispensables à la bonne tenue du kimono, il est primordial de choisir un kimono et un obi, la ceinture qui va avec. Et ce choix ne se fait pas selon l’humeur du jour ou ses préférences esthétiques, bien au contraire, c’est très codifié ! Quand on est une femme, on choisit son kimono en fonction de son âge, de son statut marital et de l’importance de l’évènement auquel on se rend : mariage, fête, visite de courtoisie .... Alors, pour ne pas qu’on vous prenne pour la mère du marié alors que vous n’êtes qu’une amie éloignée, ne vous trompez pas dans le choix de votre kimono !
Vous êtes une femme mariée et vos enfants se marient ? C’est un kimono Kurotomesode qu’il faudra choisir. Il est noir avec des motifs placés seulement en dessous de la taille. C’est très sobre mais très chic ! (Photo ci-dessus)
Photo www3.yumeyakata.com
Vous êtes une femme célibataire, vous allez célébrer Seijin shiki qui marque le passage à l’âge adulte ou vous vous rendez à un mariage, il faudra porter un kimono Furisode. Ce kimono possède de longues manches (entre 100 et 110 centimètres !) et il est couvert de motifs de bas en haut.
Photo @mariko_akasaka
Vous vous rendez à un mariage, vous êtes une femme mariée et vous appartenez à la famille des mariés, vous porterez un kimono Tomesode, unicolore. Comme le Kurotomesode, les motifs de ce kimono se trouvent sous la taille uniquement.
Photo @wanowa.kimono
Vous êtes une femme mariée ou célibataire, vous êtes l’amie de la mariée ou vous avez un gala demain soir, votre choix se portera sur un kimono Homongi. Il a des motifs continus sur les épaules, les manches et en dessous de la taille. (photo ci-dessus) Avec des motifs plus modestes et moins continus que ceux du kimono Homongi, le kimono Tsukesage siéra aussi très bien aux femmes mariées ou célibataires.
Photo @teradabijyutsu
Si vous vous rendez à une cérémonie du thé, que vous êtes mariée ou célibataire, vous porterez un kimono Iromuji unicolore ou un kimono Edo komon aux points minuscules.
Photo kimono-okafuji.com
Vous êtes mariée ou célibataire et vous allez faire un tour en ville, avec ses motifs répétitifs, un kimono Komon fera l’affaire ! Et si vous rejoignez vos amies pour dîner au restaurant ensuite, ajoutez simplement un obi assorti.
Photo @truszkowskiemil
Enfin, si vous voulez avoir un style décontracté et confortable, optez pour un yukata. Il est sans doublure, confectionné en coton, lin ou chanvre et porté par les femmes, les hommes et les enfants. Ils font leur grande sortie des armoires en été lors des festivals mais aussi quand on se rend dans les onsen, ces bains chauds japonais qui procurent tant de détente !
KOMONO : LES DESSOUS DÉVOILÉS DU KIMONO
Ça y est, vous avez trouvé le kimono de vos rêves ? Vous vous imaginez déjà déambuler dans les rues de Kyoto, ombrelle à la main, au rythme du clop-clop de vos geta ? Mais pas si vite !!! Car avant de pouvoir faire l’élégante, il va falloir mettre en place toute une ribambelle d’accessoires qui assureront à votre kimono un maintien parfait.
Simplement des sous-vêtement et une petite combinaison légère ? Pour notre confort, on aurait préféré, mais c’est plus complexe que ça ! Dans les règles de l’art et de la tradition, voici quels komono portent les femmes sous leur kimono :
- Le sarashi qui maintient et comprime la poitrine (aujourd’hui remplacé par une brassière, plus confortable !)
- Le yumoji, un tissu carré qui se noue fermement sur les hanches (aujourd’hui remplacé par un Wasou pantsu, semble-t-il l’équivalent de notre bonne vieille culotte de grand-mère !)
- Le hosei hadagi, un ensemble de coussinets qui rembourrent les parties creuses du corps pour lui donner une forme de tube. On les place donc dans le bas du dos et à l’avant des épaules.
- Le hadajuban, sorte de petit haut en coton et/ou en synthétique qui protège le kimono et le sous-kimono de la transpiration.
- Le susoyoke, un rectangle de tissu qui se noue autour de la taille avec deux cordelettes et qu’on associe à l’hadajuban.
- Le nagajuban ou juban est le sous-kimono qui se porte sur l’hadajuban. Il possède un col et peut être constitué d’une ou de deux pièces de tissu.
Photo SalzTokyo
Vous suivez toujours ?? Alors on continue !
- Le koshi himo, une ceinture qui vient fermer le nagajuban. Elle mesure 3cm de large mais 2 mètres de long ! Elle sert principalement à maintenir le pli autour de la taille réalisé pour ajuster la longueur du kimono.
- Deux Korin belt, sorte de bretelles qui se clipsent sur le col du kimono en passant par le dos et qui permettent aux pans du kimono de rester bien en place.
- Le Eri shin, un col rigide qui se glisse dans l’ourlet du col du sous-kimono.
- Le Date jime, encore une ceinture mais plus large, 10 cm et tout aussi longue que le koshi himo, 2 mètres. Il sert à fermer les pans du sous-kimono et du kimono en les aplatissant correctement.
Photo www.govoyagin.com
- Le Obi ita, une plaque souple qui se glisse dans le obi (la dernière ceinture que l’on noue par dessus le kimono). Elle évite que le nœud du obi ne glisse et qu’il fasse des plis quand le corps est en mouvement.
- Le Obi makura, un petit coussin en forme de haricot qui se place dans le dos et qui permet de donner une forme particulière au nœud du obi.
- Le Obidome kanagu, une pince qui maintient le obi.
Il n’y a plus qu’à enfiler vos chaussettes tabi avec le gros orteil séparé avant d’enfiler vos zori et de partir faire un petit tour dans les ruelles de Kyoto ! Alors, comment vous sentez-vous dans ce kimono qui vous sied comme un gant ???